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Comment accompagner les salariés et employeurs en aval du déploiement d’un IA ? 

1. Identifier, objectiver et qualifier le risque émergent

Le premier rôle du médecin du travail est d’identifier précocement les signaux faibles.


Ces signaux peuvent venir :

  • Lors des visites avec le salarié exprimant stress, surcharge, isolement, perte de motivation... 

  • Des indicateurs collectifs: hausse de l’absentéisme, turn-over, allongement des durées d’arrêt, dégradation du climat social...

L’objectif est de faire émerger le lien potentiel entre ces troubles et l’introduction de l’IA.

C’est pourquoi il est essentiel que les acteurs de la santé au travail soient formés et sensibilisés aux enjeux de l’intelligence artificielle dans le monde du travail. Sans cette grille de lecture, il devient difficile, lors d’une consultation, d’établir un lien entre les symptômes présentés par le salarié et l’introduction d’une nouvelle technologie sur son poste.


De la même manière, sans cette compréhension, notre interrogatoire risque de rester incomplet, nous empêchant d’identifier les éléments clés qui alimentent la souffrance au travail et donc de proposer une solution appropriée. 

 

2. Réévaluer le travail réel et adapter l’organisation

Quand les RPS sont confirmés, il faut revenir à la source organisationnelle.


Le médecin du travail doit recommander une réévaluation du travail réel avec l’employeur et les acteurs de la santé au travail :

  • Identifier les tâches où la charge cognitive est excessive ;

  • Vérifier les marges d’autonomie réelles ;

  • Clarifier les frontières entre la responsabilité de l’humain et celle de la machine...

Cette étape peut conduire à adapter les postes:

  • Réduire les sollicitations numériques (alertes, interfaces, feedbacks instantanés) ;

  • Ajuster les cadences imposées par l’IA ;

  • Redonner des temps de réflexion « hors algorithme » (périodes de validation humaine, revues de cas, réunions d’équipe)...

L’enjeu est d’adapter l’outils à l’Homme, et non l’inverse.
 

3. Conseiller l’employeur sur les ajustements structurels

Le médecin du travail peut également proposer des mesures correctives collectives:

  • Intégrer le risque l’IA dans le DUERP et la fiche d'entreprise ;

  • Réviser la politique de formation pour renforcer la compréhension et la maîtrise des outils;

  • Instaurer une supervision humaine obligatoire sur certaines décisions sensibles;

  • Créer un indicateur de charge mentale ou de satisfaction vis-à-vis de l’ia...

 

4. Mobiliser les acteurs extérieurs et créer une culture de vigilance partagée

Quand le risque s’installe, le médecin du travail peut aussi mobiliser des partenaires extérieurs :

  • CARSAT ou ARACT pour des diagnostics RPS plus poussés;

  • Inspection du travail pour garantir la conformité juridique...

 

5. Transformer la crise en apprentissage 
 

Enfin, le rôle du médecin du travail est aussi d’aider l’entreprise à tirer les leçons de l’expérience.


Les difficultés rencontrées lors du premier déploiement peuvent servir à établir un cadre de référence pour les futurs projets IA: procédure d’évaluation préalable, comité éthique, intégration systématique de la santé au travail en amont dans les choix technologiques...

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